Installée devant la cheminée du salon Eve est seule et elle pense à sa vie d'avant, du temps où elle était une mineure qui devait obéissance et soumission à sa génitrice. Elle y pense et, malgré la chaleur de la cheminée, ça lui fait froid dans le dos, elle l'a échappée belle.

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Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

Un jour, le propriétaire de l'appartement où je vivais m'a emmené dans un laboratoire d'analyse psychologique pour qu'on y étudie mon comportement.
Il trouvait que je n'étais pas normal, que je ne me comportais pas comme mes congénères, que je ne répondais pas aux attentes – ce qui, disait-il, le faisait passer pour un nigaud aux yeux de ses nombeux amis.

C'est une rue toute simple dans un village du sud de la France... Elle est si modeste, d'ailleurs, qu'elle n'a pas de trottoirs : seulement, de chaque côté un caniveau pavé qui transporte l'eau nécessaire pour laver les pas-de-porte, matin et soir. Les ménagères en profitent surtout le matin ; et le soir c'est chaque famille qui prend le frais du ruisseau, assise sur des chaises paillées qu'on a installées devant l'entrée de chaque maison.

Dans la chambre modeste, logement d'employé d'hôtel, Elise, songeuse, assise sur le bord du lit, repense aux paroles de son amoureux.
Amoureux d'elle, peut-être. Comment savoir s'il est vraiment épris d'elle ? Quand il la regarde, elle se sent belle. Elle voit aussi du désir. Elle, elle en ressent également. Je lui ai dit « oui » trop vite, pense-t-elle, je ne sais pas me faire désirer. Je cède trop facilement mais je ne peux pas résister à ses yeux brûlants. La première fois, je me souviens de ses gestes maladroits, de mes mains tremblantes déboutonnant mon chemisier. L'herbe était un peu froide et humide. Puis ensuite, je ne me souviens que de la chaleur de ses mains et de ses baisers. Hum, je me sens toute chose rien que de revivre la scène.