Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

La curiosité me soulève de mon siège et me voici abordant lentement les degrés de bois couinant sous mon poids. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires : l'impatience et l'angoisse ! Je frémis à l'idée d'une découverte insolite qui ferait de ma journée un souvenir mémorable mais... j'ai peur... d'avoir peur ! De m'être embarquée dans une aventure interdite qui laissera d'horribles traces sur mon âme fragile. Mes pieds, hésitants au début, sont devenus plus sûrs d'eux ; je poursuis mon chemin decrescendo avec quelque fermeté. J'ai déjà descendu un étage ; la rampe inclinée m'informe que le parcours continue... La lumière est plus faible ; je n'aperçois ni lustre, ni lampe, ni même une simple ampoule. En posant mes pieds l'un après l'autre précautionneusement, je me demande pourquoi le tableau aux trois couleurs éclatantes a eu sur moi un tel effet. A bien y réfléchir, c'est une peinture plutôt encourageante, alors pourquoi m'a-t-elle indisposée ? En fait, c'est le rayon de soleil le traversant qui m'a provoquée, m'a incitée, m'a forcée à... prendre l'escalier.

Je suis déjà à l'étage moins deux par rapport à la salle d'attente, la pénombre s'intensifie mais laisse toujours une lueur diffuse, suffisante pour voir les marches. J'entame une nouvelle descente, en tâtant vaguement le mur rêche d'un côté et la rampe en bois lisse et rond de l'autre. Peu à peu, je respire moins bien mais me sens poussée, obligée, comme commandée par un être invisible pour persister dans cette quête d'une destination inconnue.

La fatigue m'envahit et mon souffle devient rauque. Alors que je suis arrivée au quatrième sous-sol. quelques éclats de lumière se manifestent devant mes yeux et comme il n'y a toujours aucun mode d'éclairage, j'en conclus que ce sont des sortes d'éclairs de fatigue. Bon, encore un étage et je m'arrête sinon je n'aurai plus le temps de remonter et d'être présente quand le Dr. Zlotovski ouvrira sa porte pour moi.

Et voilà : l'escalier s'est arrêté, il n'y a plus d'autres degrés. Contre le mur, un panneau entouré d' un très fin liseré de lumière . Je le tire vers moi pour l'ouvrir et recule, effrayée : là, le même tableau qu'en haut ; la couleur bleue forme une potence, le carré rouge inclut un chat noir défunt, l'entre-deux jaune porte deux inscriptions : Curiosity killed the cat... et sa traduction en français - la curiosité a tué le chat -. C'est un avertissement, je rebrousse chemin et cours, vole dans les escaliers, époumonnée, exténuée, ébouriffée.. Je me jette plutôt que je ne m'assois sur ma chaise et :

« C'est à vous, Madame M... », énonce une voix cordiale - un peu moqueuse ? - J'ai juste le temps de regarder le panneau tricolore... incroyable : dans le carré rouge, il y a effectivement un chat noir aux beaux yeux verts, au regard ironique... Serait-il de connivence avec le Dr. Z... dans son stratagème pour déstabiliser ses patients afin qu'ils déballent leur vie avec moins de réticence. Je voudrais bien demander à Z. si l'on voit vraiment un chat noir mort dans le carré rouge au bas de l'escalier... mais si j'ai vécu le tout dans une longue hallucination et que je le lui raconte, il jugera que je suis bonne à enfermer... Je me contente de dire :

- Quel joli chat noir dans ce tableau !...
- Il n'est pas « dans »... il est « devant « ! Vous aurez le temps de le contempler car il assiste aux premières séances de tous mes patients en raison de son influence apaisante sur leur état de stress !

Ma confusion est complète lorsque je m'allonge sur le divan ; le chat noir s'est assis à mes pieds et me fixe de ses émeraudes en amande... Je ne résisterai pas... je crois que je vais vider les plus noirs et les plus lointains « recoins de mon âme »....

Aga /19 - EM

Eliane
Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

La curiosité me soulève de mon siège et me voici abordant lentement les degrés de bois couinant sous mon poids. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires : l'impatience et l'angoisse ! Je frémis à l'idée d'une découverte insolite qui ferait de ma journée un souvenir mémorable mais... j'ai peur... d'avoir peur ! De m'être embarquée dans une aventure interdite qui laissera d'horribles traces sur mon âme fragile. Mes pieds, hésitants au début, sont devenus plus sûrs d'eux ; je poursuis mon chemin decrescendo avec quelque fermeté. J'ai déjà descendu un étage ; la rampe inclinée m'informe que le parcours continue... La lumière est plus faible ; je n'aperçois ni lustre, ni lampe, ni même une simple ampoule. En posant mes pieds l'un après l'autre précautionneusement, je me demande pourquoi le tableau aux trois couleurs éclatantes a eu sur moi un tel effet. A bien y réfléchir, c'est une peinture plutôt encourageante, alors pourquoi m'a-t-elle indisposée ? En fait, c'est le rayon de soleil le traversant qui m'a provoquée, m'a incitée, m'a forcée à... prendre l'escalier.

Je suis déjà à l'étage moins deux par rapport à la salle d'attente, la pénombre s'intensifie mais laisse toujours une lueur diffuse, suffisante pour voir les marches. J'entame une nouvelle descente, en tâtant vaguement le mur rêche d'un côté et la rampe en bois lisse et rond de l'autre. Peu à peu, je respire moins bien mais me sens poussée, obligée, comme commandée par un être invisible pour persister dans cette quête d'une destination inconnue.

La fatigue m'envahit et mon souffle devient rauque. Alors que je suis arrivée au quatrième sous-sol. quelques éclats de lumière se manifestent devant mes yeux et comme il n'y a toujours aucun mode d'éclairage, j'en conclus que ce sont des sortes d'éclairs de fatigue. Bon, encore un étage et je m'arrête sinon je n'aurai plus le temps de remonter et d'être présente quand le Dr. Zlotovski ouvrira sa porte pour moi.

Et voilà : l'escalier s'est arrêté, il n'y a plus d'autres degrés. Contre le mur, un panneau entouré d' un très fin liseré de lumière . Je le tire vers moi pour l'ouvrir et recule, effrayée : là, le même tableau qu'en haut ; la couleur bleue forme une potence, le carré rouge inclut un chat noir défunt, l'entre-deux jaune porte deux inscriptions : Curiosity killed the cat... et sa traduction en français - la curiosité a tué le chat -. C'est un avertissement, je rebrousse chemin et cours, vole dans les escaliers, époumonnée, exténuée, ébouriffée.. Je me jette plutôt que je ne m'assois sur ma chaise et :

« C'est à vous, Madame M... », énonce une voix cordiale - un peu moqueuse ? - J'ai juste le temps de regarder le panneau tricolore... incroyable : dans le carré rouge, il y a effectivement un chat noir aux beaux yeux verts, au regard ironique... Serait-il de connivence avec le Dr. Z... dans son stratagème pour déstabiliser ses patients afin qu'ils déballent leur vie avec moins de réticence. Je voudrais bien demander à Z. si l'on voit vraiment un chat noir mort dans le carré rouge au bas de l'escalier... mais si j'ai vécu le tout dans une longue hallucination et que je le lui raconte, il jugera que je suis bonne à enfermer... Je me contente de dire :

- Quel joli chat noir dans ce tableau !...
- Il n'est pas « dans »... il est « devant « ! Vous aurez le temps de le contempler car il assiste aux premières séances de tous mes patients en raison de son influence apaisante sur leur état de stress !

Ma confusion est complète lorsque je m'allonge sur le divan ; le chat noir s'est assis à mes pieds et me fixe de ses émeraudes en amande... Je ne résisterai pas... je crois que je vais vider les plus noirs et les plus lointains « recoins de mon âme »....

Aga /19 - EM

Eliane
Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

La curiosité me soulève de mon siège et me voici abordant lentement les degrés de bois couinant sous mon poids. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires : l'impatience et l'angoisse ! Je frémis à l'idée d'une découverte insolite qui ferait de ma journée un souvenir mémorable mais... j'ai peur... d'avoir peur ! De m'être embarquée dans une aventure interdite qui laissera d'horribles traces sur mon âme fragile. Mes pieds, hésitants au début, sont devenus plus sûrs d'eux ; je poursuis mon chemin decrescendo avec quelque fermeté. J'ai déjà descendu un étage ; la rampe inclinée m'informe que le parcours continue... La lumière est plus faible ; je n'aperçois ni lustre, ni lampe, ni même une simple ampoule. En posant mes pieds l'un après l'autre précautionneusement, je me demande pourquoi le tableau aux trois couleurs éclatantes a eu sur moi un tel effet. A bien y réfléchir, c'est une peinture plutôt encourageante, alors pourquoi m'a-t-elle indisposée ? En fait, c'est le rayon de soleil le traversant qui m'a provoquée, m'a incitée, m'a forcée à... prendre l'escalier.

Je suis déjà à l'étage moins deux par rapport à la salle d'attente, la pénombre s'intensifie mais laisse toujours une lueur diffuse, suffisante pour voir les marches. J'entame une nouvelle descente, en tâtant vaguement le mur rêche d'un côté et la rampe en bois lisse et rond de l'autre. Peu à peu, je respire moins bien mais me sens poussée, obligée, comme commandée par un être invisible pour persister dans cette quête d'une destination inconnue.

La fatigue m'envahit et mon souffle devient rauque. Alors que je suis arrivée au quatrième sous-sol. quelques éclats de lumière se manifestent devant mes yeux et comme il n'y a toujours aucun mode d'éclairage, j'en conclus que ce sont des sortes d'éclairs de fatigue. Bon, encore un étage et je m'arrête sinon je n'aurai plus le temps de remonter et d'être présente quand le Dr. Zlotovski ouvrira sa porte pour moi.

Et voilà : l'escalier s'est arrêté, il n'y a plus d'autres degrés. Contre le mur, un panneau entouré d' un très fin liseré de lumière . Je le tire vers moi pour l'ouvrir et recule, effrayée : là, le même tableau qu'en haut ; la couleur bleue forme une potence, le carré rouge inclut un chat noir défunt, l'entre-deux jaune porte deux inscriptions : Curiosity killed the cat... et sa traduction en français - la curiosité a tué le chat -. C'est un avertissement, je rebrousse chemin et cours, vole dans les escaliers, époumonnée, exténuée, ébouriffée.. Je me jette plutôt que je ne m'assois sur ma chaise et :

« C'est à vous, Madame M... », énonce une voix cordiale - un peu moqueuse ? - J'ai juste le temps de regarder le panneau tricolore... incroyable : dans le carré rouge, il y a effectivement un chat noir aux beaux yeux verts, au regard ironique... Serait-il de connivence avec le Dr. Z... dans son stratagème pour déstabiliser ses patients afin qu'ils déballent leur vie avec moins de réticence. Je voudrais bien demander à Z. si l'on voit vraiment un chat noir mort dans le carré rouge au bas de l'escalier... mais si j'ai vécu le tout dans une longue hallucination et que je le lui raconte, il jugera que je suis bonne à enfermer... Je me contente de dire :

- Quel joli chat noir dans ce tableau !...
- Il n'est pas « dans »... il est « devant « ! Vous aurez le temps de le contempler car il assiste aux premières séances de tous mes patients en raison de son influence apaisante sur leur état de stress !

Ma confusion est complète lorsque je m'allonge sur le divan ; le chat noir s'est assis à mes pieds et me fixe de ses émeraudes en amande... Je ne résisterai pas... je crois que je vais vider les plus noirs et les plus lointains « recoins de mon âme »....

Aga /19 - EM

Eliane
Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

La curiosité me soulève de mon siège et me voici abordant lentement les degrés de bois couinant sous mon poids. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires : l'impatience et l'angoisse ! Je frémis à l'idée d'une découverte insolite qui ferait de ma journée un souvenir mémorable mais... j'ai peur... d'avoir peur ! De m'être embarquée dans une aventure interdite qui laissera d'horribles traces sur mon âme fragile. Mes pieds, hésitants au début, sont devenus plus sûrs d'eux ; je poursuis mon chemin decrescendo avec quelque fermeté. J'ai déjà descendu un étage ; la rampe inclinée m'informe que le parcours continue... La lumière est plus faible ; je n'aperçois ni lustre, ni lampe, ni même une simple ampoule. En posant mes pieds l'un après l'autre précautionneusement, je me demande pourquoi le tableau aux trois couleurs éclatantes a eu sur moi un tel effet. A bien y réfléchir, c'est une peinture plutôt encourageante, alors pourquoi m'a-t-elle indisposée ? En fait, c'est le rayon de soleil le traversant qui m'a provoquée, m'a incitée, m'a forcée à... prendre l'escalier.

Je suis déjà à l'étage moins deux par rapport à la salle d'attente, la pénombre s'intensifie mais laisse toujours une lueur diffuse, suffisante pour voir les marches. J'entame une nouvelle descente, en tâtant vaguement le mur rêche d'un côté et la rampe en bois lisse et rond de l'autre. Peu à peu, je respire moins bien mais me sens poussée, obligée, comme commandée par un être invisible pour persister dans cette quête d'une destination inconnue.

La fatigue m'envahit et mon souffle devient rauque. Alors que je suis arrivée au quatrième sous-sol. quelques éclats de lumière se manifestent devant mes yeux et comme il n'y a toujours aucun mode d'éclairage, j'en conclus que ce sont des sortes d'éclairs de fatigue. Bon, encore un étage et je m'arrête sinon je n'aurai plus le temps de remonter et d'être présente quand le Dr. Zlotovski ouvrira sa porte pour moi.

Et voilà : l'escalier s'est arrêté, il n'y a plus d'autres degrés. Contre le mur, un panneau entouré d' un très fin liseré de lumière . Je le tire vers moi pour l'ouvrir et recule, effrayée : là, le même tableau qu'en haut ; la couleur bleue forme une potence, le carré rouge inclut un chat noir défunt, l'entre-deux jaune porte deux inscriptions : Curiosity killed the cat... et sa traduction en français - la curiosité a tué le chat -. C'est un avertissement, je rebrousse chemin et cours, vole dans les escaliers, époumonnée, exténuée, ébouriffée.. Je me jette plutôt que je ne m'assois sur ma chaise et :

« C'est à vous, Madame M... », énonce une voix cordiale - un peu moqueuse ? - J'ai juste le temps de regarder le panneau tricolore... incroyable : dans le carré rouge, il y a effectivement un chat noir aux beaux yeux verts, au regard ironique... Serait-il de connivence avec le Dr. Z... dans son stratagème pour déstabiliser ses patients afin qu'ils déballent leur vie avec moins de réticence. Je voudrais bien demander à Z. si l'on voit vraiment un chat noir mort dans le carré rouge au bas de l'escalier... mais si j'ai vécu le tout dans une longue hallucination et que je le lui raconte, il jugera que je suis bonne à enfermer... Je me contente de dire :

- Quel joli chat noir dans ce tableau !...
- Il n'est pas « dans »... il est « devant « ! Vous aurez le temps de le contempler car il assiste aux premières séances de tous mes patients en raison de son influence apaisante sur leur état de stress !

Ma confusion est complète lorsque je m'allonge sur le divan ; le chat noir s'est assis à mes pieds et me fixe de ses émeraudes en amande... Je ne résisterai pas... je crois que je vais vider les plus noirs et les plus lointains « recoins de mon âme »....

Aga /19 - EM

Eliane
Curiosity killed the cat !

J'en ai assez de ce grand panneau qui me fixe – ou que je fixe ? – depuis que je suis dans la salle d'attente du Dr. Zlotovski. Le tableau est situé sur un mur du hall faisant angle avec une autre paroi. Ce coin forme une sorte de palier dominant un escalier dont on aperçoit la première marche. Les couleurs de cette peinture, avivées par le soleil couchant, me narguent et semblent me suggérer quelque chose. Si la porte de cette pièce était fermée, je ne verrais pas ce tableau dérangeant ... ni le rai de lumière qui le frappe et paraît m'inviter à le suivre.. Ce message lumineux s'adresse à moi d'ailleurs, je le sens et m'en convaincs d'autant plus que je suis la seule patiente dans le salon....

La curiosité me soulève de mon siège et me voici abordant lentement les degrés de bois couinant sous mon poids. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires : l'impatience et l'angoisse ! Je frémis à l'idée d'une découverte insolite qui ferait de ma journée un souvenir mémorable mais... j'ai peur... d'avoir peur ! De m'être embarquée dans une aventure interdite qui laissera d'horribles traces sur mon âme fragile. Mes pieds, hésitants au début, sont devenus plus sûrs d'eux ; je poursuis mon chemin decrescendo avec quelque fermeté. J'ai déjà descendu un étage ; la rampe inclinée m'informe que le parcours continue... La lumière est plus faible ; je n'aperçois ni lustre, ni lampe, ni même une simple ampoule. En posant mes pieds l'un après l'autre précautionneusement, je me demande pourquoi le tableau aux trois couleurs éclatantes a eu sur moi un tel effet. A bien y réfléchir, c'est une peinture plutôt encourageante, alors pourquoi m'a-t-elle indisposée ? En fait, c'est le rayon de soleil le traversant qui m'a provoquée, m'a incitée, m'a forcée à... prendre l'escalier.

Je suis déjà à l'étage moins deux par rapport à la salle d'attente, la pénombre s'intensifie mais laisse toujours une lueur diffuse, suffisante pour voir les marches. J'entame une nouvelle descente, en tâtant vaguement le mur rêche d'un côté et la rampe en bois lisse et rond de l'autre. Peu à peu, je respire moins bien mais me sens poussée, obligée, comme commandée par un être invisible pour persister dans cette quête d'une destination inconnue.

La fatigue m'envahit et mon souffle devient rauque. Alors que je suis arrivée au quatrième sous-sol. quelques éclats de lumière se manifestent devant mes yeux et comme il n'y a toujours aucun mode d'éclairage, j'en conclus que ce sont des sortes d'éclairs de fatigue. Bon, encore un étage et je m'arrête sinon je n'aurai plus le temps de remonter et d'être présente quand le Dr. Zlotovski ouvrira sa porte pour moi.

Et voilà : l'escalier s'est arrêté, il n'y a plus d'autres degrés. Contre le mur, un panneau entouré d' un très fin liseré de lumière . Je le tire vers moi pour l'ouvrir et recule, effrayée : là, le même tableau qu'en haut ; la couleur bleue forme une potence, le carré rouge inclut un chat noir défunt, l'entre-deux jaune porte deux inscriptions : Curiosity killed the cat... et sa traduction en français - la curiosité a tué le chat -. C'est un avertissement, je rebrousse chemin et cours, vole dans les escaliers, époumonnée, exténuée, ébouriffée.. Je me jette plutôt que je ne m'assois sur ma chaise et :

« C'est à vous, Madame M... », énonce une voix cordiale - un peu moqueuse ? - J'ai juste le temps de regarder le panneau tricolore... incroyable : dans le carré rouge, il y a effectivement un chat noir aux beaux yeux verts, au regard ironique... Serait-il de connivence avec le Dr. Z... dans son stratagème pour déstabiliser ses patients afin qu'ils déballent leur vie avec moins de réticence. Je voudrais bien demander à Z. si l'on voit vraiment un chat noir mort dans le carré rouge au bas de l'escalier... mais si j'ai vécu le tout dans une longue hallucination et que je le lui raconte, il jugera que je suis bonne à enfermer... Je me contente de dire :

- Quel joli chat noir dans ce tableau !...
- Il n'est pas « dans »... il est « devant « ! Vous aurez le temps de le contempler car il assiste aux premières séances de tous mes patients en raison de son influence apaisante sur leur état de stress !

Ma confusion est complète lorsque je m'allonge sur le divan ; le chat noir s'est assis à mes pieds et me fixe de ses émeraudes en amande... Je ne résisterai pas... je crois que je vais vider les plus noirs et les plus lointains « recoins de mon âme »....

Aga /19 - EM

Eliane