Décision à prendre

Eliane doit résoudre un dilemme : prendre la décision d’aller ou de ne pas aller à la sépulture de son beau-père, le mari de sa mère.
Pourquoi se pose-t-elle cette question ? Parce que, depuis 5 ans, elle n’a plus revu ni sa mère, ni ses deux sœurs et encore moins son beau-père. Ils se sont fâchés, bien entendu, à propos d’une histoire d’héritage. A la sortie de l’entretien de chez le notaire, chacun est parti de son côté. Enfin, seule, Eliane, est partie, seule, dans sa propre voiture et le reste de la famille, dans la voiture familiale. Et depuis, silence radio…
Alors, faut-il le décès d’une personne pour renouer le contact ? Eliane n’est pas certaine. Elle n’a encore eu aucune communication directe avec un membre de la famille. Elle a appris la nouvelle en écoutant son répondeur. On ne peut pas dire que ce fut une surprise agréable et plaisante d’entendre la voix froide de sa demi-sœur lui résumer en deux phrases la situation.
Malgré tout, elle pense à sa mère qui doit être dans tous ses états, complètement bouleversée. Retrouver son mari, étendu sur le sol, mort ! Ce genre de circonstance s’apparente plus à un choc brutal. Celui-ci vous saisit, vous pétrifie, vous laisse sans voix et peut même aller jusqu’à la catatonie
Eliane ne connait pas encore tous les détails. Apparemment, sa mère a pu se ressaisir et appeler les pompiers qui ont déclaré qu’il était décédé dans la nuit. Elle, l’aînée des filles, elle devrait peut-être oublier ses rancœurs pour un moment, ranger en arrière-plan dans sa tête toutes les vilénies entendues et finalement, faire le premier pas. Oui, à la limite mais comment va réagir sa mère ?
Eliane se sent vraiment tiraillée. Sa générosité, sa gentillesse la poussent à la réconciliation, lui feraient plutôt choisir d’assister à l’enterrement et puis, de retourner à la maison familiale. Elle sursaute, le téléphone vient de sonner.
« - Allô, c’est tata Monique ». Ah, quelle surprise ! Sa tante, la sœur aînée de son beau-père. Elle la considère comme une vraie tante et garde en souvenirs d’enfance de magnifiques vacances d’été et d’hiver, passées chez elle à la montagne. Cette fois-ci, c’est une surprise agréable, même fort sympathique. Cependant, sa voix tremble légèrement quand elle répond. Oui, elle sait. Ah, oui pourtant elle hésite. Pourquoi elle hésite ? Parce qu’elle n’a aucune idée de comment vont réagir sa mère et ses sœurs quand elle se retrouvera en face d’elles. Elle ne lui dit pas qu’en fait, elle a peur d’éventuelles disputes, des cris qui vont suivre ou de se prendre, tout simplement, la porte au nez.
Puis sa tante lui dit : « Ta mère t’attend. » Ces trois mots atteignent directement son cœur, la corde sensible d’Eliane. La tante continue : « Si tu veux, je serai présente demain après-midi. Nous descendons pour deux heures. » Cela la rassure, en effet, elle confirme qu’elle viendra.
Elle raccroche et s’aperçoit que ses mains, comme l’était sa voix, sont agitées de tremblements. Elle est heureuse d’avoir eu sa tante au téléphone et surtout que cette conversation téléphonique ait finalement tranché.