Lettre à mon fils

Mon très cher fils,
Cette lettre me trotte dans la tête depuis longtemps et cette fois-ci je me lance. Il y a tant de gens qui partent autour de moi avec la frustration de n’avoir pas exprimé leurs sentiments, je me suis dit que cela ne m’arriverait pas.
Avant de rencontrer ton père, j’étais une vraie tornade, aventurière, pilote, casse-cou qui croquait la vie à pleine dents. C’était la joie de vivre mais poussée à l’extrême et presque dans le mauvais sens, j’aurais très bien pu basculer dans une folie auto-destructrice.
J’imagine que c’était pour compenser toutes les brimades que j’avais subies chez les bonnes sœurs avant d’être enfin libre.


Quand j’ai rencontré ton père je l’ai aimé immédiatement, lui aussi. Il a senti cette fêlure en moi, il m’a protégée de moi-même, de ces extrêmes débordements qui me guettaient à chaque instant. Par sa seule présence, je suis devenue femme, puis mère. Ces moments simples, tendres avec ton père, ensuite avec mes enfants sont les meilleurs instants de ma vie. J’ai essayé de vous communiquer cette joie dans ma cuisine que tu aimes tant. Tout cet amour que j’ai en moi j’en assaisonne tous mes plats, c’est bien pour cela que tu n’arrives pas à reproduire mes recettes !
Je sais bien que tu trouves ton père dur et autoritaire mais sache que sous ses airs bourrus c’est un ange de douceur et de compréhension. Un homme tendre et patient. Il est d’une génération, tout comme moi, qui ne devait surtout pas montrer une once de douceur sous peine de passer pour une lavette. Il s’est construit une carapace pour cacher sa sensibilité car oui, il était très sensible.
Par cette lettre je voudrais te communiquer tout mon amour et celui de ton père. Il ne te l’a jamais dit mais il t’aimait profondément, surtout n’en doute jamais. Et moi je te le dis maintenant, je t’aime.
Parfois on donne une fausse image de soi, je ne sais pas ce que je t’ai laissé mais sache que ma vie auprès de vous trois a été la plus belle qui soit, je ne l’aurais échangée pour rien au monde.
Les Gémeaux ont un côté sombre et un côté clair, c’est difficile de lutter contre cette nature et je sais que cela te chagrine. C’est plus fort que moi cette mélancolie qui m’envahit parfois.
Je pense très souvent à ton père et je voudrais te dire que je suis prête si Dieu me rappelle auprès de lui. Je pourrai ainsi continuer à veiller sur mes enfants avec amour.
Bien à toi, mon fils chéri que j’aime tant.
Maman.

Le fils a fait aussi le portrait de sa mère