Cette histoire a mis ma santé mentale en dans l’embarras.

J'étais prête à partir en balade et contrairement à l'adage macho, la femme attendait l'homme qui devait encore contrôler quelque chose près du portail. J’allais vers lui pour savoir si je pouvais néanmoins fermer la porte. De retour devant la porte, la clé que je tenais dans ma main n'y était plus. Je fouille toutes mes poches, je refais le trajet, le nez au sol, scrutant en long et en large. Rien pas de clé. Incroyable. Cette clé avait un petit anneau de fil électrique jaune, c'est celle qu'on prend quand on bricole à l'extérieur et qui doit se voir facilement. Bref j'en prends une autre, ferme la porte et nous partons. Comme c'est un dimanche un peu gris, nous faisons une promenade que je qualifierais de routinière : les Teppes de Verbois, remonter sous Russin et retour au point de départ. Deux petites heures avec observation des étangs, c'est paisible, c'est beau et ça permet de prendre l'air.

Quand je reviens à la maison, je parcours à nouveau le jardin en tous sens, je passe même aux endroits où il est impossible d'avoir perdu cette maudite clé. L'histoire reste un mystère. Comme souvent je me dis que lorsque je ne la rechercherai pas, je la retrouverai.

Les semaines passent, peut-être les mois et nous ne pensons plus à cette clé.

Un autre dimanche maussade nous voilà repartis pour la même balade. Arrivés sous Russin, à l'aplomb de la voie de chemin de fer, je remarque que, dans la forêt, à gauche, un débroussaillage a été fait et dans le même temps, mon mari me demande si cette clé, là, suspendue à la branche d'un buisson ne serait pas par hasard la mienne. Je suis bien obligée de dire : oui. Elle a son fil électrique jaune, elle a bien la forme de nos clés, elle est un peu rouillée. Mais comment une clé que j'ai perdue dans le jardin peut-elle se retrouver sous Russin ? Il faut se pincer pour se dire que ce n'est pas un rêve, que je ne suis pas entrée dans une autre dimension, que je n'ai pas besoin d'un ticket pour Belle-Idée. Non, ça doit avoir une explication rationnelle et aussitôt je mobilise tous mes neurones.

Je me souviens que lors d'une autre promenade, je m'étais accroupie derrière ces buissons pour soulager un besoin naturel, mais comme j'avais fouillé toutes mes poches, je ne vois pas comment j'aurais pu la perdre à cette occasion. Donc il y a une autre explication, mais laquelle ? Je continue de marche, l'esprit toujours bouillonnant. Je suis habillée souvent de ma même manière pour ces balades, un vieux pull, un vieux jean que je retrousse sur mes chaussures d'hiver et un imper plus ou moins chaud selon la saison. Je contrôle ma tenue : j’ai mon imper, mon vieux jean, mais j’ai des chaussures basses, je n’ai pas retroussé mon pantalon... Et là, ça fait tilt, les points d'interrogation s'effacent, des petites ampoules s'allument, j'ai trouvé. Mentalement, je jette mon ticket pour Belle-Idée.

Lorsque j'ai lâché malencontreusement ma clé en traversant le jardin plusieurs mois auparavant, c'était l'hiver, mon pantalon était retroussé et la clé s'est logée dans le repli, elle n'est pas tombée par terre et quand je me suis accroupie derrière le buisson, elle s'est échappée. Quand les débroussailleurs ont fait leur travail, ils ont trouvé ma clé et l'ont accrochée à la branche du buisson. Oui tout cela paraît plausible, c'est en tout cas l'explication que j'ai trouvée à ce pseudo mystère, je m'en suis satisfaite et actuellement c'est toujours l'idée que je défends.

Oui, j'ai retrouvé ma clé un jour où je ne la cherchais pas.